“L’autogestion est dans l’ADN de Sporobole depuis… 50 ans l’année prochaine” -Éric Desmarais, 15 octobre 2022
On va se le dire, on ne s'attend pas à ce qu'un organisme comme Sporobole mène un projet de transformation numérique impliquant une quarantaine d’organismes culturels estriens. Et pourtant, lorsque l'on entend Éric Desmarais et Olivier Ross parler du projet, on comprend pourquoi, en fait, cela a bien du bon sens!
La galerie d’art Horace est sur le bord de se faire couper sa dernière subvention au fonctionnement. Comme tout organisme culturel qui a de la misère à rester sur pied, on cherche à diversifier ses sources de revenu. L'immeuble occupé par l'organisme est grand, attrayant et bien situé en plein centre-ville de Sherbrooke. Utiliser la location d'espaces comme levier de développement semble à première vue une bonne idée, mais l’augmentation du loyer est bloquée par l’impossibilité (faute de solvabilité) de rénover les lieux, ce qui génère des locations à perte.
Une mise à jour du mandat de l’organisme semble inévitable afin d’assurer sa continuité.
À un moment où l'achat de papier se fait au paquet plutôt qu'à la boîte, l'organisme décide de faire un grand pari : acheter du matériel et le mettre à disposition de la communauté artistique qui fréquente la place, afin de fournir un service en appui aux technologies de création, en région. Le but ultime étant de développer une reconnaissance à l’échelle provinciale et pancanadienne, afin de faire connaître l’organisme en dehors de la ville et ainsi augmenter sa fréquentation.
“Le rôle d’un centre de diffusion (ce qu’on était avant), c’est de donner un lieu de mise à jour des connaissances; l’enfermement communautaire dans lequel était pris l’organisation n’a pas aidé.” -Éric Desmarais
Cette première et grande transformation amène également avec elle un changement de nom : c’est à ce moment que la galerie Horace devient le Centre en art actuel Sporobole.
Si Sporobole cherche à étendre sa portée, l’organisme souhaite tout de même rejoindre le public local.
“On a cherché comment faire pour s’enraciner, mais [il n’y avait] pas de public naturel en arts à Sherbrooke. Pas de programme en arts veut dire pas d’étudiants, ni de profs; qui sont à la base de la fréquentation de ce genre de milieu.” -Éric Desmarais
L’absence (si pas techniquement, à tout le moins d’un point de vue pratique[1]) de programme en arts à Sherbrooke (et l’absence totale de programmes en arts aux cycles supérieurs) offrant à Sporobole un public naturel rend difficile la promotion de l’organisme auprès de la communauté locale. Faute de réseau, les artistes de la région migrent à Montréal, perpétuant ainsi une fuite de l’expertise professionnelle nécessaire pour le développement de projets d’envergure en région.
[1] L’Université Bishop’s, située à Lennoxville (ancienne municipalité et aujourd’hui arrondissement de Sherbrooke suite à la fusion municipale de 2002) offre des diplômes en Fine Arts et en Liberal Arts, mais encore faut-il se rappeler que cette université (d’ailleurs anglophone) se trouve à presque 6 km du centre-ville de Sherbrooke, et que seulement deux autobus desservent ces deux centres d’intérêt, encore à ce jour.
“*Ça demandait énormément de ressources… toutes nos ressources; juste en médiation, en développement de publics…” -*Éric Desmarais
Toujours à la recherche d’un public qui permette de créer une communauté locale pérenne, Sporobole arrive à une conclusion simple : si l’on veut un public naturel, ça prend une communauté étudiante.
Sporobole signe une entente avec l’Université de Sherbrooke afin de mettre en place un diplôme de 2e cycle. L’entente permet à Sporobole de réhypothéquer l’immeuble et de réorienter (encore!) ses efforts, cette fois-ci se concentrant sur le développement des infrastructures, ce qui inclura la mise en place d’un laboratoire de son, d’un laboratoire d’impression et d’une première résidence pour artistes.
Ça réfléchit fort et souvent, icitte!